SCHNAPS THEATER

1998, 55mn et 26 mn
NO HANS LAND / SCHNAPS THEATER
 

NHL : 26mn 16mm 1986/87

SCHNAPS THEATER : 52 mn Beta SP 1997

A dix ans d’intervalle deux films traitent , le premier de manière quasi fictionnelle, le second comme un documentaire ethnographique, de la place du sujet dans le monde, dans son espace , son pays, sa région, son univers. Du Hans em Schnockeloch chaque Alsacien connaît au moins le refrain: sur le mode mineur qui convient il s’agit d’un véritable hymne régional où la contradiction culturellement constitutive trouve pour s’exprimer un bouc émissaire symbolique , archétypique , caricatural, humain. NO HANS LAND : le film traverse le pays de Hans, l’homme d’un no mans land, d’un entre-deux. Hans est en mouvement, dans le déplacement d’un lieu à un autre, à la recherche de celui où il pourrait enfin se sentir bien. Il traverse sa terre natale - ici la Haute Alsace- s’interrogeant sur son être au monde,- apostrophant costume et statues en écho à Hans Arp, autre Hans et alsacien : “Wer bin Ich, Wer ist Er?...” Au delà de l’éternel insatisfait, Hans est avant tout la métaphore de l’alsacien partagé entre les langues et les cultures: “il a tout ce qu’il veut et ce qu’il veut il ne l’a pas et ce qu’il a il n’en veut pas ..

.” Dans un questionnement intérieur incessant , NO HANS LAND donne à sentir le trouble de l’homme dont aucune voie présente ne peut satisfaire le désir. Il est seul au milieu du monde. SCHNAPS THEATER montre l’équilibre qu’organise un homme dans un coin de ce même territoire pour tenter de répondre à ces désirs et supporter l’être au monde. Dans l’un on voit quelqu’un qui travaille, dans l’autre quelqu’un qui ne travaille pas.. La différence de traitement des deux films pourrait faire croire à une divergence fondamentale de propos alors même qu’il y adhère. Le genre documentaire répond, dans le cas de SCHNAPS THEATER, à la nature intrinsèquement réaliste d’une proposition de “vie insérée”, intégrée au réel , dont l’observation focalisée réalise une version sociale d’un Hans qui serait passé à l’acte “positivement” , en restant au milieu des siens . La continuité entre les deux est d’emblée signifiée par l’investissement du rôle principal par Jean-Michel Clavey, Jean/Hans dans NO HANS LAND, où il joue en tant qu’acteur homonyme, mais aussi en tant qu’alsacien et ami - et Jean-Michel Clavey lui-même, dans SCHNAPS THEATER, où il donne à voir son propre “arrangement avec la vie” à Wattwiller, où il “joue” donc son propre rôle. Hans plus près de la folie dans un cas , Jean plus près de la raison dans l’autre? à voir.Thèse, antithèse ..? peut être. En tout cas deux approches proposées par deux cinéastes dont les préoccupations communes se manifestent aussi dans une dialectique cinématographique.
     

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